La conception du bâtiment abritant la Pièce a été confiée par le Fonds de dotation Max-Gold à l'architecte Iwona Buczkowska accompagnée de l'urbaniste Jean-Pierre Merlot.

De l'ancien atelier à la Pièce...

 Écrin des ouvrages ou cénotaphe ? 


L’architecture est le seul art qui se visite et dans lequel on entre, circule, travaille, habite… Or ici la commande devait permettre la découverte d’un agrégat  d’objets réunis par Max Gold en maintenant le visiteur à l’extérieur de l’édifice. Transféré de l’atelier d’origine, il devrait être disposé dans le nouveau lieu exactement de la même manière et suivant le même plan originel. Ce dispositif imposé de présentation  ne permettait pas la moindre ouverture à la hauteur d’homme, rendant ainsi la contemplation des objets impossible.


Le projet résulte de cette contrainte de la commande et de l’émotion transmise par l’étrange beauté de cet ensemble d’objets tenus à l’écart du temps. Leur mise en scène particulière s’imposait par les flux verticaux de la lumière zénithale qui en même temps sculptent, articulent, hiérarchisent et cadencent l’espace. Telle une nature morte dont la traduction en anglais still live donne une autre lecture à ce lieu mystérieux.


Deux mondes s’affrontent : l’un réel, solide, relatif au passé, celui de l’atelier de Max Gold ; l’autre, éphémère, inscrit dans le présent, et virtuel, qui frôle la métaphysique…


Celui du réel, en pierres apparentes, sera légèrement enfoui dans le sol afin de permettre une vue plongeante de l’extérieur vers l’intérieur. En hommage au céramiste Max Gold, la façade oblique d’entrée est recouverte de tuiles vernissées. Elle loge discrètement deux portes coulissantes permettant, pour de  rares occasions, de contempler les choses de près.


Celui de l’éphémère, du présent, s’exprime par une fine toiture en bois aux larges débords, semblant voguer dans le ciel, tel un geste amical, protecteur, envers le contenu de la Pièce et ses visiteurs. Elle reste horizontale, en magnifiant, par la contradiction des lignes, la verticalité végétale du site.


Entre les deux, une transparence. Celle d’une ceinture vitrée entourant l’ensemble du volume. La présence de quelques marches sur deux des façades donne accès à une vue « d’en haut » sur l’ensemble de la collection.


Enfin, trois lanterneaux cylindriques recouverts également de tuiles vernissées ont trouvé place sur la toiture, jouant en solo avec la lumière de la journée, en fonction du temps, de la saison, de l’heure pour une confrontation du temps figé et de l’aujourd’hui… "

 

Iwona Buczkowska. Janvier 2023.

Extrait d'une interview d'Iwona Buczkowska dans "Chroniques d’architecture"

 

Votre dernière réalisation l’Atelier Max-Gold est née de la contrainte ? 


C’est un projet particulier. Au décès de son mari qui était potier, Hélène Gold souhaite déplacer son atelier intact dans un parc de deux hectares mais que personne ne puisse entrer dedans. La contemplation doit s’effectuer de l’extérieur et l’atelier d’origine ne comporte pas d’ouvertures à hauteur d’homme ! L’idée est donc de construire un écrin de 6,40 sur 6,40 mètres qui rende visible l’intérieur de l’atelier sans pouvoir y pénétrer, offrant ainsi un parcours de visite où la lumière a un rôle essentiel. L’atelier Max Gold est un espace rempli d’objets divers, fixés en partie sur les murs. Tout devait y rester intact, une contrainte qui s’est révélée des plus stimulantes.
Il a fallu creuser pour poser l’atelier, le desservir par une longue rampe, placer au-dessus des murs d’exposition des baies vitrées et habiller le pourtour de gradins pour permettre une vue plongeante de l’extérieur vers l’intérieur de l’atelier. 
Paré de pierres sèches posées sans jointures et de tuiles vernissées en mémoire du potier, ce petit édifice est traversé d’une lumière zénithale dispensée par trois lanterneaux obliques de forme cylindrique, tels des puits de lumière. Un petit projet mais un beau projet que j’ai été ravie de mener à bien.

Propos recueillis par Julie Arnault. Juin 2022

Iwona Buczkowska

Diplômée de l'École Polytechnique de Gdansk et de l'École Spéciale d'Architecture de Paris.

 

Études et réalisations : habitat social, équipement public, bureaux, laboratoires, maisons individuelle.

Études d'urbanisme et du paysage ; recherche sur la fonction oblique et les arcs porteurs.

 

Prix et récompenses :

 

- 1989 Médaille d'or et prix spécial de la 5e biennale d'Architecture

- 1994 Médaille d'argent et prix Delarue par l'Académie d'architecture

- 2003 Prix grand public de l'Architecture par la Région Ile-de-France

- 2016 Label "Architecture du XXe siècle" pour le projet de Saint-Dizier

 

Depuis 2017 les réalisations du Blanc-Mesnil et le collège de Bobigny sont intégrés aux collections de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine.

 

Nombreuses publications, expositions, films, reportages télévisés et radiophoniques...

Jean-Pierre Merlot

Entreprend des études d'urbanisme à l'école des Ponts et Chaussées après avoir étudié la linguistique et la philosophie, pour devenir enseignant à l'Université catholique de Valparaiso ; directeur adjoint de L'OPHLM d'Ivry-sur-seine en charge de la rénovation du centre ville ; directeur du développement économique à la Sodedat ; directeur des études du Projet Urbain de la Plaine Saint-Denis ; directeur de la stratégie à l’Établissement Public d'aménagement Plaine de France ; chargé de mission au Secrétariat d’État au développement de la Région Capitale.

Écrivain, poète il a publié plusieurs recueils aux éditions de l'Aube, un roman "La Balade de Kilo Moto" (Les impliqués Éditeurs),

un essai sur l'architecture de Jean Renaudie, (Éditions Harmatan)...