Né le 10 décembre 1912 à Augustov en Pologne de Mina Jordanski et Léonid Gold, il vient en France en 1937 pour faire des études d’archéologie. Elles sont interrompues par son engagement volontaire en 1939. Prisonnier, évadé, il rejoint les Forces Françaises libres.
Les dernières traces qu’il a de sa famille sont deux cartes écrites en 1941, de Bialystok par ses parents.  
Max Gold reste en France, obtient la nationalité française et s’inscrit à l’Ecole des Chartes en 1945. Il vit à Paris où il exerce divers métiers, avant d’apprendre la poterie. 
Dans les années cinquante, il rejoint un groupe d’artisans à Marolles, près de Blois dans le Loir et Cher. Il le quittera quelques années plus tard. 
Il continue la poterie en ayant des fonctions dans une clinique de la région. Il meurt le 3 avril 1990. 

Photo de Pierre Poitevin

L’œuvre de Max Gold par le peintre Guy de Vogüe

Ne vous méprenez pas, les pots de Max Gold ne sont, peut-être, que prétextes à autre chose. 
De même les objets qu’il choisit ou qu’il trouve, tous méticuleusement traités, dans le plus grand respect de leur matériau, de leur fonction, de leur histoire. 
Max Gold ne vous donnera aucune indication sur les raisons de son choix, sinon l’anecdote généralement bizarre, curieuse, drôle qu’il vous raconte pour éluder toute autre question. 
Des objets, des objets, pots, racines, outils, gravures, statuettes, livres, jouets… un collectionneur ? 
Mais non. Un collectionneur classe, cherche le manquant d’une série, étiquette, tend à clore son monde. 
Max Gold, c’est le foutoir comme il dit. Il empile, il entasse, il juxtapose. Il laisse « derrière » chaque objet, les harmoniques de son histoire. 
Il investit un lieu, toute la surface d’un lieu, excepté le plafond. 
Il construit des groupes d’objets qui  ont chacun leur rythme propre, sans que nulle part on ne perçoive de césure, seulement une différence de rythme.
L’appareil photo peut isoler certaines allures, la nature morte classique, la partition musicale, l’entassement hérissé, l’empilement,

la juxtaposition. 
Mais isoler, c’est privilégier un détail. Un détail n’est pas l’œuvre. L’œuvre de Max Gold, c’est le lieu. 
De nouveau, ne vous méprenez pas. Ce n’est pas un lieu d’exposition, ce serait plutôt ce que Jean Genet nommerait un sanctuaire. 


Juin 1986

Article de Suzy Dufrenne, historienne de l’art, directrice d’étude en Sorbonne.

Max Gold est un artiste épris de solitude, mû par la seule exigence intérieure. Il n’expose que rarement. Il faut, je crois, le regretter. 
Ses poteries tournées sont tantôt traitées en terre naturelle, polies, tantôt émaillées. Des procédés techniques personnels ont créé des effets de couleurs rares, ou jouent les transparences. Les formes sont d’une exceptionnelle pureté : pots, coupes, vases (chaque pièce est naturellement unique) s’imposent à la mémoire dans leur originalité raffinée. 
En un temps où les potiers peuvent être tentés par une commercialisation effrénée et sont souvent marqués par les modes agressives et éphémères de l’expérience artistique actuelle, un artiste isolé, fort de sa culture et de son imagination, crée pour la joie un univers hors du temps : classique par la rigueur des formes, actuel par les techniques chromatiques, profondément personnel par l’expression. 
Une telle poésie, plastique et colorée, jouant de matières belles et pures, devrait être reçue dans l’enthousiasme par tous ceux – et ils sont finalement nombreux – qui, au-delà des engouements passagers, recherchent les signes de l’authentique, de l’humain, du réel intérieur. 

La République du Centre, déc 1981.

Photo de Pierre Poitevin